La dérision du Christ ; BOSCH, Hieronymus ; C. 1490-1500 huile sur bois ; National Gallery, Londres

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Jésus torturé

Comprendre la Scène

On peut voir sur cette image...

 Jésus est aux mains des soldats. L'un, le bras protégé par un gant de fer, lui pose sur la tête, une couronne d'épines, un autre lui parle à l'oreille pour lui donner de mauvais conseils... Sur le  devant deux autres hommes se moquent de Jésus. Mais ce dernier ne regarde pas ses bourreaux, vêtu d'une chemise, il semble extérieur à la scène.

 et sur d'autres images

Les sévices sont différents mais il s’agit toujours de scènes de torture et d’humiliation.

Avec les siècles le réalisme des représentations augmente et avec lui le  pathétique. On oppose toujours la douceur de Jésus à la haine de ses bourreaux

 

Ne pas confondre

  On distingue successivement: 

 

La dérision du Christ ; GRÜNEWALD, Matthias ; 1503 huile sur panneau ; Alte Pinakothek, Munich

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La première dérision

 

par les gardes du Grand prêtre, chez Caïphe, dans les locaux du Sanhédrin.

Jésus porte une grande robe, il a les yeux bandés, les mains liées, il  est bafoué par ses bourreaux  qui crachent, lui donnent des claques…  la représentation   de  musiciens veut parfois traduire le fait que les spectateurs font beaucoup de bruit. 

 

 

La flagellation du Christ ;  RUBENS, Peter Paul  ; huile sur panneau ;  Musée des Beaux arts, Gand  

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La flagellation

Jésus est flagellé, il est toujours debout,  recouvert d’une tunique ou nu, les bourreaux sont des brutes,  l’un le frappe, les deux autres préparent les verges. Jésus est attaché à une colonne généralement  haute et étroite, parfois petite et trapue, ce qui change la partie du corps qui reçoit les coups. Pilate assiste parfois au supplice.

 

 

Le couronnement d’épines ;  van DYCK,  Anthony ; huile sur toile ; Kunsthistorisches Museum, Vienne

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Le couronnement d'épines, et la seconde dérision 

Jésus assis, le visage découvert, devient  un roi imaginaire bafoué par les soldats romains. Ils lui enfoncent  une  couronne d’épines avec 2 tiges entrecroisées ou un gantelet de fer, ils lui donnent un roseau comme sceptre et le couvrent parfois d’un manteau rouge pour rappeler la pourpre impériale.  Ils font des gestes de moquerie, parfois obscènes.  Cette seconde dérision se situe au Prétoire romain pendant  le  jugement de Pilate 

 

 

Ecce homo ; DAUMIER, Honoré;  C. 1849-52 huile sur toile ;  Museum Folkwang, Essen

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L'Ecce Homo

Jésus portant la couronne d’épines et le manteau royal est présenté à la foule par Pilate qui dit  en montrant Jésus : « Voici l’Homme »,  d’où le nom  latin d’Ecce Homo donné à cette scène.  Elle est tirée d’un verset du texte de Jean,  mais cette représentation est restée inconnue jusqu’au XVème siècle.   On donne aussi ce nom d’Ecce Homo à des images ou Jésus couronné et torturé,  est seul de face.

 

Connaître le récit biblique

 Evangile de Matthieu  chapitre 26

Jésus vient d’être condamné par le grand prêtre Caïphe

Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent ; d'autres lui donnèrent des coups en disant : "Fais le prophète, Christ, dis-nous qui t'a frappé."

Jésus est alors envoyé à Pilate qui ne trouvant pas de raison de le condamner à mort le fait fouetter  

Evangile de Jean chapitre 19

Pilate prit alors Jésus et le fit flageller. Les soldats, tressant une couronne avec des épines, la lui posèrent sur la tête, et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre ; et ils s'avançaient vers lui et disaient : "Salut, roi des Juifs !" Et ils lui donnaient des coups.
 ...Jésus sortit donc dehors, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre ; et Pilate leur dit : "Voici l'homme !" Lorsqu'ils le virent, les grands prêtres et les gardes vociférèrent, disant : "Crucifie-le ! Crucifie-le !"

Signification 

Les tortures physiques et morales accompagnaient les condamnations, soit pour faire parler l’accusé, soit pour préparer son exécution. Ici elles prennent un caractère prophétique puisque Jésus est moqué comme prophète et comme roi alors qu’il est vraiment Prophète et Roi.

De même l’expression de Pilate "voici l’homme" ("ecce homo" en latin)  prend une dimension particulière puisque Jésus est Dieu fait Homme.

Voir d'autres images voisines

La première dérision chez Caïphe

 

La dérision du Christ ; GRÜNEWALD, Matthias ; 1503 huile sur panneau ; Alte Pinakothek, Munich

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Les images de la première dérision sont plutôt anciennes et peu fréquentes. Chez Fra Angelico, elles prennent une valeur spirituelle

 

La dérision du Christ ; Fra ANGELICO ; 1440-41 fresque ; Couvent St Marc, Florence

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La dérision du Christ ; DUCCIO di Buoninsegna ; 1308-11 tempera sur bois ; Museo dell'Opera del Duomo, Sienne

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La flagellation

 

 

La flagellation du Christ ;  RUBENS, Peter Paul ;  huile sur panneau ;  Musée des Beaux arts, Gand  

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Une mise en scène qui place  la torture dans un cadre antique

 

La flagellation du Christ ;  FERNÁNDEZ, Alejo;  panneau ;  Museo del Prado, Madrid

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La flagellation du Christ ;   PIERO della Francesca ;  huile et tempera sur bois;   Galleria Nazionale delle Marche, Urbino

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La flagellation sur la colonne,  suivant  deux modèles, court, ou haut, ce qui changent la position du Christ

 

La flagellation de Notre Seigneur Jésus Christ ;  BOUGUEREAU, William-Adolphe ;  1880 huile sur toile ; Musée des Beaux-Arts de La Rochelle  

Art Renewal Center

La flagellation du Christ ; LE GUERCHIN ; 1657 huile sur toile ; Galleria Nazionale d'Arte Antica, Rome  

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Deux représentations plus spirituelles

 

Le Christ après la flagellation contemplé par l’âme chrétienne ; VELÁZQUEZ, Diego ; 1628 huile sur toile ; National Gallery, Londres

 National Gallery London

Christ à la colonne; LE CARAVAGE ;   C. 1606-07 huile sur toile;  Musée des Beaux-Arts, Rouen

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Mises en scène traditionnelles, centrées sur la colonne et la torture

 

La flagellation  ; BENING, Simon ;   C. 1525-30 tempera et or sur parchemin;  J. Paul Getty Museum, Los Angeles

 Paul Getty trust

La flagellation du Christ ; ALTDORFER, Albrecht ; 1518 huile sur bois ; Musée de l’abbaye, St. Florian

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La seconde dérision chez Pilate

 

 

Le couronnement d’épines ;  van DYCK,  Anthony ; huile sur toile ; Kunsthistorisches Museum, Vienne

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La pose de la couronne d'épines devient une vraie torture

 

Le couronnement d’épines ;  LE TITIEN ; 1570-75 huile sur toile ;  Alte Pinakothek, Munich

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Le couronnement d’épines ; attribué au CARAVAGE ; huile sur toile ; Kunsthistorisches Museum, Vienne

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Le champ s'élargit et la dérision commence

 

Le Christ couronné d’épines ; BOSCH, Hieronymus ; 1507-08 huile sur panneau ; Monasterio de San Lorenzo, El Escorial

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Le couronnement d’épines; VALENTIN de Boulogne ; huile sur toile ; Alte Pinakothek, Munich

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Deux dérisions dans la nuit

 

La dérision du Christ ; Gustave DORE ;  1865 gravure de "La Sainte Bible"

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Le Christ couronné d’épines ;  HONTHORST, Gerrit ;   C. 1620 huile sur toile ;  J. Paul Getty Museum, Los Angeles

 Paul Getty trust

 

Contemporanéité des oeuvres mais Contraste entre la frontalité de Manet et le plan large de Kramskoy

 

La dérision du Christ : « Salut, roi des Juifs » ; KRAMSKOY, Ivan ; 1877-82 huile sur toile ; Musée russe , Saint-Petersbourg

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La dérision du Christ ;  MANET, Edouard ; C. 1865  huile sur toile ; Art Institute, Chicago

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"Voici l'Homme" ou Ecce Homo

 

 

Ecce homo ; DAUMIER, Honoré;  C. 1849-52 huile sur toile ;  Museum Folkwang, Essen

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Jésus présenté à la foule hostile

 

Ecce homo ; MASSYS, Quentin  ;  C. 1515 huile sur panneau ;   Museo del Prado, Madrid

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Ecce homo ; BOSCH, Hieronymus   ; 1490 huile sur panneau;  Städelsches Kunstinstitut, Francfort

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Deux images  centrées sur l'homme torturé mais  à quatre siècles de distance

 

Ecce homo ; CORINTH, Louis ; 1925 huile sur toile ; Kunstmuseum Bâlle

Mark Harden's Artchive

 

La dérision du Christ ; HEMESSEN, Jan Sanders; C. 1560 huile sur bois ; Musée de la Chartreuse, Douai

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Corps ou regard, deux façons de montrer la souffrance

 

Ecce homo ;Domenico FETI  ;  1600-10 huile sur toile ;  Galleria degli Uffizi, Florence

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Ecce homo ; LE TITIEN ;   C. 1558-60 huile sur toile ; National Gallery of Ireland, Dublin

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Découvrir des prolongements

 La Passion

Le mot vient du verbe latin pati qui signifie souffrir. Il est employé pour parler de la souffrance physique, de la douleur et désigne lorsqu’on lui donne une majuscule, le supplice subi par le Christ. Ce n’est qu’ensuite que le mot a été  utilisé pour parler d’une souffrance morale provoquée par l’amour ou simplement d’une affection violente.

Mais la scène n’est pas seulement une torture physique, elle est aussi moquerie, dérision et inversion. Durant le carnaval,  le fou  est fait roi ,  ici c’est le Roi qui devient le Fou dont on peut se moquer, jusqu’à sa mort tragique. Ceci explique le va et vient qui peut exister entre les représentations carnavalesques et celles  du Christ torturé déguisé en roi.

 Les instruments de la Passion

 Un certain nombre d’instruments de torture sont distingués et deviennent des emblèmes de la Passion du Christ, ils sont souvent disposés  sur la Croix.

Parmi ses instruments la couronne d’épines  a pris une grande place en France après que le roi saint Louis a déclaré en rapporter la relique, objet qu’il déposa dans la Sainte Chapelle de Paris, sorte de reliquaire de pierre et de verre.

La Sainte Chapelle à Paris

 Site origine

 

 

relique de la couronne d'épines transférée de la Ste Chapelle à ND de Paris

 Site origine

 

On a donné le nom de fleur de la passion ou passiflore à cette plante originaire du Brésil.

Sa symbolique frappa les religieux du 16ème siècle. On peut effectivement y voir,  les 3 clous de la croix, mauves comme tachés de sang et  une  couronne entourée de filaments évoquant les épines, quant au fruit de la passion, il est constitué de grains rouges comme la sang...

Un mot qui reste

Lorsque Pilate présente Jésus à la foule elle répond « enlevez le » ou  " tolle " en latin, le mot tollé est devenu usuel pour désigner un cri d’indignation et d’excitation.

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