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LETTRE n° 7

Le Louvre présente actuellement et jusqu’au 24 juin une exposition « De l'Allemagne, 1800-1939. De Friedrich à Beckmann ».

L’une des œuvres exposées est Ecce homo de Louis CORINTH conservée au Kunstmuseum de Bâle. (cliquer sur l'image ci contre)

Ecce Homo "voici l'Homme" est la phrase prononcée par Pilate en montrant Jésus à la foule qui réclame sa mort (évangile de Jean ch. 19)

Je suis assez fier d’avoir mis cette œuvre originale dès la création du site, dans la fiche  "Jésus torturé". C’est une œuvre qui peut choquer, mais je pense qu’elle est faite aussi pour cela. Je vous en propose un libre commentaire.

Louis Corinth peint cet Ecce Homo en 1925, il a 67 ans. C’est la dernière œuvre du peintre qui était en partie paralysé depuis un AVC à 53 ans, et qui pressentait sa mort prochaine.

Le tableau est immense 190 x 150 cm et les hommes ont donc leurs tailles réelles. L’image est frontale, la composition est celle d’une photographie, plan serré et coupé vers le bas. Deux hommes encadrent Jésus aux mains liées.

Le Christ est un homme jeune, ses traits sont doux, voire féminins. Mais le rouge qui le marque est celui du sang, la coiffure qui semble longue est faite de la couronne d’épines, il porte une robe rouge, celle qui rappelle son titre dérisoire de « roi des Juifs », il a les mains liées et les portent en avant comme s’il voulait bien montrer qu’il est prisonnier. C’est un homme livré.

A droite un colosse garde le prisonnier qu’il tient par une corde, il est étrangement vêtu, d’une armure sur un vêtement rouge, mais il porte des bottes modernes. Il semble en arrière et pourtant sa taille domine. Il est l’image du soldat ou plutôt du geôlier de tous les camps, celui qui ne semble pas particulièrement méchant, mais devient un bourreau ordinaire. 1925, nous sommes juste après la Grande Guerre.

A gauche, un petit homme effacé, c'est Ponce Pilate en médecin, il montre Jésus d’une main timide, tend le doigt gauche en signe d’interrogation. Un médecin impuissant devant les hommes, comme on peut l’être devant la maladie ? Un médecin pervers, un autre bourreau, comme les années suivantes le montreront ?

Jésus est offert à la foule qu’on ne voit pas, mais Jésus en tendant les mains se livre lui aussi, à cette foule anonyme dont les spectateurs que nous sommes font partie.

 Serge CERUTI

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