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LETTRE 68 bis


Les Nativités du TINTORET


Pour ceux qui ont des problèmes avec la vision des images, comme d'habitude, reportez vous à Archives


Un récent voyage à Venise, m'a replongé dans la peinture du Tintoret (1518-1594). A la Scuola Grande San Rocco, on voit cette toile immense de 5 m ½ sur 4 m ½, peinte vers 1580 ; elle est coupée en deux comme la terre et le ciel, en bas les bergers et les animaux, en haut la sainte famille et les anges.

Le tout se passe dans une étable, bien  délabrée  mais ouverte sur le ciel et sa lumière divine. Etable dont les deux étages permettent une composition tout aussi théâtrale qu’à l’ordinaire, mais où la presse verticale des participants, permet de créer de nouvelles situations.

En haut, la Nativité  est assez classique, mais Marie au lieu d’adorer l’Enfant, le dévoile à deux femmes. Une l’adore à genoux, mais l’autre est plus énigmatique. Elle tient une cuillère et un petit récipient rond, son sein découvert suggère qu’il s’agit du lait qu’elle vient de tirer. Cette femme est le  Symbole de la Charité, comme l’autre l’est de la Foi.

 A l’ordre du haut, s’oppose le tumulte du bas. Celui des animaux, un âne peu visible et un bœuf assoupi, mais aussi un coq et un paon. Ces animaux sont bien éclairés, alors que le plancher qui sépare les deux étages devrait les laisser dans l’ombre. Sur le devant à gauche deux hommes, dans un beau mouvement vertical,  font le lien entre le bas et le haut. L’un tire son offrande d’un panier d’œufs, il la tend vers le haut, et son voisin qui fait de même, atteint vraiment le niveau supérieur

A droite deux  bergers sont à genoux et adorent l’Enfant, tandis qu’une jeune femme leur désigne les animaux. Ses  vêtements et ses bijoux sont, non ceux  d’une bergère, mais plutôt ceux  d’une femme du XVIIe s. C’est que ces animaux sont très symboliques : le paon qui n’a rien à faire dans cette ferme, symbolise la résurrection à venir, le coq évoque la trahison de Pierre  mais aussi le pardon et la vigilance. La femme qui le désigne, est sans doute le symbole de l’Espérance, et avec la Foi et la Charité du haut, le peintre appelle ses contemporains à pratiquer les trois vertus chrétiennes.    

 

 

 

Le Tintoret a peint en 1590 une autre Nativité qui se trouve au musée National des Beaux-Arts de Buenos-Aires, petite toile de 111x80 cm

Il reprend la masure dont il ne reste que la charpente, la sainte famille, âne et bœuf et deux femmes. Mais la composition tout en  mouvement crée une atmosphère étrange.  D’abord l’âne qui avance si près de l’Enfant qu’il devrait en avoir peur, alors qu’il le regarde  calmement. Ensuite  la main droite de Joseph, se précipite sur la tête de l’animal, comme s’il voulait le faire reculer, mais son  regard inquiet est dirigé vers la jeune femme, derrière l’animal.

Rétablissons la scène. Marie et Joseph sont dans une étable, l’Enfant et sa mère reposent assis sur un tas de paille,  Joseph tend une bougie allumée, pour mieux éclairer la scène aux deux femmes qui entrent. L’une porte un seau pour abreuver les animaux, l’autre un bâton de bergère. Cette dernière se rue vers l’enfant en poussant l’âne, qui devient dangereux, Joseph dont la main gauche est  occupée, doit faire un mouvement croisé pour faire reculer l’âne, tandis qu’il regarde et injurie la femme.      

Cette scène mouvementée est perçue comme une sorte d’agression de l’âne, animal bête et dangereux, mais en fait cet âne, renvoie à l’ânesse de Balaam (Nombres, 22-24) qui voyait le Seigneur sur le chemin alors que le prophète ne le voyait pas. L’âne est un animal capable de discerner ce que les humains ne voient pas, il nous montre l’identité profonde de  l’Enfant Jésus. Il le montre à ces deux femmes, dont la chevelure vénitienne correspond aux contemporaines du peintre, et bien sûr aux spectateurs qui ne voient qu’un incident . Seuls l’Enfant et Marie n’ont pas peur, car ils savent.

 

 

PS Je ne m'interesse pas seulement à l'iconographie biblique, mais aussi à l'histoire, je vous signale que je viens de publier un ouvrage: "Le pape prisonnier de l'empereur " chez Salvator éd. Ce livre raconte, à travers les témoignages des geôliers, le dramatique emprisonnement de PieVII pendant près de 5 ans, mais aussi les relations surprenantes entre les deux hommes.

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