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Lettre 67

 

LE BANQUET D'ESTHER


 Pour ceux qui ont des problèmes avec la vision des images, comme d'habitude, reportez vous à Archives



Le tableau Le Festin d’Esther, a été peint en  1625 et 1626. C’est une peinture sur toile de 130x165. Il a été longtemps attribué à Rembrandt, mais il est de Jan Lievens  (1607-1674), qui a été apprenti peintre auprès du même maître que Rembrandt, Pieter Lastman.

Narration. Après avoir ordonné la déposition de la reine Vachti, le roi perse Assuérus cherche une nouvelle épouse. Une femme du harem, Esther, devient la favorite du roi, et il la choisit comme reine, mais il ignore qu’elle est juive. Quand le ministre Haman décide d'exterminer tous les Juifs du royaume, Esther est ainsi au premier rang pour demander au roi d'annuler le décret de son ministre. Elle se présente au roi pour lui demander (scène de l’évanouissement) la faveur d'accepter son invitation à diner, dans sa suite, avec Haman. C’est au cours d’un second repas qu’elle informe le roi.


 Le roi et Haman allèrent au festin chez la reine Esther. Ce second jour, le roi dit encore à Esther, pendant qu'on buvait le vin : Quelle est ta demande, reine Esther ? Elle te sera accordée. Que désires-tu ? Quand ce serait la moitié du royaume, tu l'obtiendras. La reine Esther répondit : Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ô roi, et si le roi le trouve bon, accorde-moi la vie, voilà ma demande, et sauve mon peuple, voilà mon désir ! Car nous sommes vendus, moi et mon peuple, pour être détruits, égorgés, anéantis. Encore si nous étions vendus pour devenir esclaves et servantes, je me tairais, mais l'ennemi ne saurait compenser le dommage fait au roi.  Le roi Assuérus prit la parole et dit à la reine Esther : Qui est-il et où est-il celui qui se propose d'agir ainsi ? Esther répondit : L'oppresseur, l'ennemi, c'est Haman, ce méchant-là ! Haman fut saisi de terreur en présence du roi et de la reine. Livre d'Esther 7, 1-6

 

L’impression qui se dégage est celle d'un repas animé. Nous sommes dans un décor à la fois oriental et hollandais Les costumes sont riches, presque extravagants,

Les personnages sont omniprésents, les trois personnages principaux sont présents, de face, de profil ouvert ou de dos;  un quatrième personnage  n'est pas attendu, il sort de nulle part et personne ne le regarde, mais lui fixe Haman  d’un air de victoire. il  fait comprendre au spectateur que la scène se terminera bien par la déconfiture d'Aman


 

 

Les couleurs sont toutes en nuances autour des bruns, en contraste, le bleu de la robe d'Esther.  On peut voir dans ces couleurs la passion et la colère éclatantes du roi alors qu'en Esther s'opposent les contradictions de sa volonté et de sa réserve naturelle et sociale.

 Des contrastes apparaissent dont le plus marquant est entre Esther et Aman: lumière/ombre, face/dos.  .

Par les regards, apparaissent les liens entre les personnages, rien ne relie Esther à Aman. Aucune bouche n'est ouverte, c'est l'instant d'un silence lourd avant que n'éclate la colère du roi et ses conséquences

 

 


Les regards se croisent, Esther regarde le roi qui regarde Aman dans les yeux, et l'on devine que ce dernier a du mal à soutenir le regard royal.

 

 

Les mains donnent un contenu à ces regards. On pourrait ne voir que les 3 mains et déjà comprendre les relations. La main tendue  d'Esther désigne celle d'Aman, et elle est au-dessus de celle du roi, comme pour le précéder. Le poing royal lui répond en  frappant la table, et la main d'Aman, à la fois désignée par le doigt d'Esther et menacée par le poing royal, se retire vers le haut, comme pour se protéger.

 


LE BANQUET vu par les autres peintres hollandais

Rembrandt

 

L’œuvre de Rembrandt est totalement différente, elle est plus tardive, 1660,  plus petite 94x73 cm et se trouve à Moscou au Musée Pouchkine.  Et en assez mauvais état.

Tout est simple mais la tension est extrême

La lumière passe de droite à gauche, elle est portée par Esther qui est  toute en retenue et parle au roi sans le regarder, celui-ci se tourne vers Haman qui baisse la tête car il est dénoncé et le sceptre royal saisi à pleine main ne peut que s’abattre sur lui. Comme chez Lievens, les mains parlent, mais avec moins de fougue car les mouvements sont à peine marqués. Par contre l’or et le rouge mettent le feu à cette scène qui paraît si calme et qui est si dramatique puisqu’il s’agit de la mort organisée d’un peuple.


 

Jan Victors 1640  170x230 cm Musée de Cassel

Une mise en scène bien plate, mais on retrouve le sceptre de Rembrandt



Aert de Gelder  104x163cm   Muée d’Amiens

Esther pleure, l'accusatrice devient la victime demandant justice

 


Et pour finir deux visions british, orientalistes et féministes

 

Edward Armitage  1865 1200x1830 Royal academy Londres

Cette immense toile, par un peintre d'histoire victorien, change le rapport entre les protagonistes, la dénonciation est terminée et Haman ne demande pas grâce au roi, mais à Esther, victoire de la femme

 

Ernest Normand peintre orientaliste anglais 1915, reprend le thème de l'accusatrice triomphante

 

 

Le  livre d’Esther  présente une particularité, dans le texte hébreu, il ne comporte aucune mention du Seigneur (seul le texte grec incorpore une prière de Mardochée et d'Esther). Il a donc été considéré par le judaïsme comme un livre profane, une sorte de roman sans valeur religieuse, ce qui a beaucoup freiné son admission dans le canon des Ecritures. C'est finalement sa popularité qui a forcé la main aux rabbins du IIème  siècle. Les mêmes hésitations se retrouvèrent dans le christianisme, car le Nouveau Testament ne cite jamais le livre d'Esther. Certains Pères de l'Eglise ont proposé de le radier du canon mais l’Eglise finira par l'admettre, mais dans sa version grecque (Septante) qui est beaucoup plus longue et interprète certaines scènes de façon plus religieuse. Luther et les protestants ne reconnaîtront que la version juive et les bibles protestantes ignorent le texte grec. Certaines bibles (Bayard par exemple)  publient séparément les 2 versions. La Bible de Jérusalem publie les 2 textes mélangés mais en les distinguant par la typographie

 

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