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LETTRE 63

Les images de la guérison du paralytique

Comme d'habitude si vous avez du mal à voir les images reportez vous à Archives

Dans la précédente Newsletter, j’ai longuement étudié la Guérison du paralytique de Quentin Varin, je voudrais aujourd’hui regarder un certain nombre d’œuvres sur le même sujet. Je rappelle qu’il s’agit d’un passage de l’évangile selon Jean ch 5.

Une différence importante réside dans le moment choisi par le peintre, avant, pendant ou après la guérison.

Quentin Varin choisit le moment précis où la parole de Jésus «Lève-toi prends ton grabat et marche »,  se réalise. 

On trouve la même chose chez Pieter van Lint .

 La guérison du paralytique à la piscine de Bethesda - Pieter van Lint 1643 sur bois Vienne Kunsthistorisches Museum 

Et on peut remarquer que la composition générale est assez semblable au tableau de Quentin Varin, la piscine au fond, le paralysé à gauche, le Christ à droite, et parmi les personnages on retrouve, un autre paralysé, une femme et un enfant… mais l’atmosphère est totalement différente.

Le rite de guérison habituel est visible au loin, deux hommes portent un malade vers la piscine, tandis qu’un ange fait bouillonner les eaux qui vont le guérir.  Mais la guérison par Jésus a lieu au milieu d’une foule, dont les vêtements sont contemporains du peintre. A gauche ce sont des malades qui regardent la scène avec envie ou en suppliant, à droite la surprise et l’interrogation se manifestent chez les riches spectateurs. Deux visages  nous regardent, et un autre interroge la réalité avec ses lunettes. Au centre la femme allaitant, est la figure de la Charité, et cela donne un sens particulier au tableau. L’ensemble est statique et un peu raide, et fait penser à une œuvre de miséricorde plutôt qu’à un miracle exceptionnel.

Une autre représentation est encore plus prosaïque

« La piscine probatique » de Lucio Massari, c. 1605/06.Huile sur cuivre, 39 × 51 cm. Collezione Pio di Savoia,

Cette peinture peu connue, abandonne les plans rapprochés pour faire le tour de la piscine et celui de la question. On peut distinguer trois  paralytiques et un estropié. Chacun est accompagné par sa famille ou ses amis, sauf celui de gauche que vient d’interroger Jésus. La parole est prononcée  et l’homme se lève en s’appuyant sur son matelas. Mais personne le les voit, même pas les deux disciples derrière le Christ. Cela devient une simple scène de genre, des malades autour d'une piscine.

Un siècle plus tard ce  tableau nous plonge dans un autre monde

La piscine de Bethesda; HOGARTH, William; 1736, huile sur toile; St. Bartholomew's Hospital, Londres

Ce tableau assez surprenant introduit le récit de la guérison dans une scène de genre. Une foule se presse dans une rotonde qui doit entourer une piscine que l’on ne voit pas. Différents petits groupes sont présents mais sans guère de relations entre eux.

Le peintre a représenté des malades de St. Bartholomew's Hospital à Londres, pour lequel il travaillait. Les malades peuvent reconnaître leurs conditions : un couple porte un enfant malade, des vieilles femmes marchent difficilement, un homme blessé au bras avance avec sa jeune et belle épouse. Mais le plus surprenant est la jeune femme nue dont le serviteur repousse une pauvre femme, qui cherchait sans doute le même remède céleste… tout cela donne un côté burlesque à l’ensemble.

Et la scène centrale qui est plaquée ne change pas l’atmosphère : Jésus  et le paralytique se regardent en souriant, comme deux compères qui se connaissent, Jésus parle et le paralytique commence à bouger. Par là on devine une critique du miracle, Hogarth faisant partie de ceux qui n’y voyaient qu’une allégorie, mais cette image de guérison, même satirique, pouvait peut être offrir un espoir aux patients de l’hôpital, c’est du moins la raison de l’œuvre.

Avec ce tableau du XIXe s. on retrouve une mise en scène froide et solennelle. 

CAZES Romain 1875  Église Notre dame de l'Assomption Bagnères de Luchon

Les personnages sont nombreux mais figés, le Christ est grandiloquent et l’ange repart, car il a fait bouillonner les eaux du premier plan. Si bien que deux miracles se déroulent sous nos yeux, à droite deux hommes sont en train de descendre un paralytique dans la piscine, il sera guéri par cette action traditionnelle. Au centre  Jésus annonce à l’autre paralytique qu’il va se lever et marcher, et de fait il commence à bouger les jambes devant des témoins surpris et des apôtres confiants.

Seule originalité, Jésus est habillé de blanc comme les deux paralytiques, une couleur de vie et s’il n’ y avait pas le contexte on pourrait penser à une résurrection de Lazare.

D'autres œuvres  choisissent de représenter la piscine avant ou  après le miracle. Nous les verrons dans la prochaine lettre  

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