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LETTRE 54

L'ânon des Rameaux

Sivous ne voyez pas les images (vous avez une trop grande protection) allez sur Archives

Hippolyte Flandrin L'entrée à Jérusalem, peinture de la paroi de gauche du sanctuaire, église Saint-Germain-des-Prés, Paris,

Cette entrée de Jésus à Jérusalem met en avant un bel ânon, il est bien blanc et particulièrement éclairé. Mais personne ne le regarde.

Un article Francis Daoust dans le site canadien Interbible , m’a interpellé sur cette présence de l’ânon.

Pour tout le monde cette entrée est marquée par les rameaux agités par la foule, or : « Les évangiles de Matthieu, Marc et Jean ne leur consacrent en effet qu’un seul verset, alors que l’évangile de Luc les ignore totalement. Les acclamations de la foule sont présentes dans les quatre évangiles, mais se limitent elles aussi à un seul verset (deux chez Marc). Cependant le développement au sujet de l’ânon mobilise sept versets chez chacun des synoptiques, soit près des deux tiers du texte. Il importe donc de s’intéresser de près à cet animal  

...L’Ancien Testament parle de l’âne à profusion. L’emploi de mots issus de racines différentes pour désigner le mâle (hamôr), la femelle (athôn) et le petit (‘ayir), indique qu’il s’agit d'un animal familier ayant des fonctions polyvalentes ... C’est à l’aide d’une citation tirée de l’Ancien Testament que l’évangile de Matthieu explique la présence et, par le fait même, la signification de l’ânon dans ce récit. Ajoutant une ânesse, qui est absente des récits des évangiles de Marc et de Luc, il cite un amalgame d’Isaïe 62,11 : Dites à la fille de Sion et de la prophétie messianique de Zacharie 9,9 : Jubile de toute ton âme, fille de Sion; acclame, fille de Jérusalem! Voici que ton roi vient à toi ; il est juste et victorieux. Humble et monté sur un âne ; sur un ânon, petit d’ânesse. Il s’agit là d’une pratique chère au premier évangile, qui s’adresse à des chrétiens issus du judaïsme et qui désire présenter le ministère et la personne de Jésus comme accomplissements des Écritures. »

Hippolyte Flandrin, sans être exégète, était un homme cultivé, il a bien compris que cet ânon avait une signification particulière, celle d’une dimension messianique, et c’est pouruoi il l’a mis au premier plan éclairé par la lumière divine ET que personne ne le regarde, car Jésus est acclamé comme roi mais pas comme le vrai Messie.

Je vous invite à lire l’article en entier http://www.interbible.org/interBible/cithare/celebrer/2020/a_rameaux.html |

J’ai donc cherché la présence de l’ânon dans un stock d’images que j’ai sur cette entrée à Jérusalem, et je n’en ai trouvé que 5 autres sur un total de 45 images allant du Moyen Age au XXe s. Je vous en propose deux.

Barna da Siena, +1380 , fresque, San Gimignano

James Tissot aquarelle, New York,Brooklyn Museum.

Jésus entre vraiment comme un roi acclamé par la foule et accompagné des you-you des femmes, il est monté sur un âne étrangement harnaché comme un cheval, et l’ânon derrière est bien grand, on dirait une monture de rechange. Rien de messianique.

Flandrin semble donc le seul à interpréter la présence de l’ânon comme l’entrée dans le Royaume de Dieu.

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