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LETTRE 41

 

 

LA CROIX DE DELACROIX


En ce printemps 2018 le Louvre organise une exposition Eugène DELACROIX. Parmi les 150 peintures, les religieuses sont assez peu nombreuses, mais l’une m’a frappé. 

Le Christ sur la croix de 1835, huile sur toile, 182 x 135 cm ; Musée de la Cohue à Vannes

Ce tableau très surprenant, a une histoire que je vous conte ici, l’analyse complète sera pour la prochaine newsletter.


Il s’agit d’une œuvre de la pleine maturité de Delacroix qui a 37 ans, et est devenu très célèbre. Indifférent du point de vue religieux, il n’a peint que peu d’œuvres à thème biblique sauf le Christ au jardin des Oliviers (1827) commandé du préfet de la Seine pour l’église Saint-Paul-Saint-Louis dans le Marais à Paris.

Le Christ sur la croix est présenté par le peintre au Salon de 1835 et à l'issue de cette exposition, l'État achète le tableau pour 2 000 francs et l’attribue au département du Morbihan pour qu’il orne une église, ce qui n’était pas l’idée du peintre. Le tableau est exposé à l'église Saint-Patern de Vannes. Mais le curé trouve l’œuvre choquante et fait couvrir la poitrine de sainte Madeleine à la peinture par son sacristain. 


Puis le tableau est remisé dans le clocher, Delacroix l’apprend et saisit le ministère en 1864, « il m’a été suggéré que la place défavorable désignée à mon tableau avait pu avoir pour raison une figure de Madeleine qui n’aurait pas paru au clergé suffisamment drapée. Cela pourrait sembler une nouvelle raison pour que ce tableau, que j’avais composé sans intention de le voir figurer dans une église, obtint une nouvelle destination. »

Le tableau est alors repris par le département et entre au musée des Beaux arts de Vannes, appelé Musée de la Cohue en 1865. Mais en 2011 la Fondation La Caixa organise une exposition Eugène Delacroix à Madrid et Barcelone, dont le commissariat est confié à un conservateur du Musée du Louvre. Le tableau est alors restauré et les ajouts concernant Marie Madeleine supprimés. C’est lui que l’on peut admirer à l’exposition du Louvre en 2018.

La composition semble assez classique, Jésus vient de mourir sur la croix, les cieux s’ouvrent ou se déchirent et la lumière divine le frappe directement, un soldat s’approche la lance à la main pour le transpercer, à droite un homme prépare l’échelle qui va permettre de descendre son corps. A gauche de Jésus il y a une autre croix, sur laquelle un homme se contorsionne, signe des invectives qu’il lance à Jésus, c’est manifestement le mauvais larron. Or quand un peintre met en scène les larrons, il en représente deux, mais ici un seul est visible. On pourrait supposer que le second se trouve sur la gauche et est hors champ, mais ce qui est étrange c’est que l’on voit bien une croix au fond à gauche mais que cette croix n’est pas dressée mais portée par un homme. Cette croix est dans le prolongement du corps allongé de Marie-Madeleine, une diagonale qui traverse l’espace et donne sens au tableau.

Cette crucifixion est très originale sur trois points : Marie et Jean, les crânes et Marie Madeleine.

JEAN ET MARIE Comme sur de nombreuses crucifixions Delacroix représente Jean et Marie, la mère de Jésus, au pied de la croix. Cette présence illustre le passage de l’évangile selon Jean au ch. 19, 25-27   "Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple: Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui."

Selon ce texte, Jésus est encore vivant et il leur parle. L’image classique est celle-ci : Marie et Jean sont debout au pied de la croix, Marie à droite de son fils, Jean à gauche, ils écoutent Jésus et méditent sans le regarder.

Vitrail de Bayeux

Crucifixion, CARPIONI, Giulio, c. 1648, Oil on canvas, 205 x 131 cm, Gallerie dell'Accademia, Venice

Mais bien vite, les peintres font évoluer la scène en représentant le Christ mort, Marie et Jean ont reçu ses paroles mais maintenant ils réagissent à la mort de Jésus, Marie est plus ou moins effondrée et pleure, Jean regarde Jésus et s’interroge sur le sens de cette mort. Dans ce contexte il est assez normal que Jean soutienne Marie, puisqu’elle est désormais « sa mère »

Maître de la Vierge 1465 Munich

  Mais Delacroix semble innover iconographiquement, car ici c’est Marie qui soutient Jean et le console, cela n’a rien de choquant puisqu’il est « son fils », et qu’elle a montré sa force spirituelle, mais il y a quand même une inversion des rôles.

 

 

Je n’ai pas trouvé d’autres représentations de cette consolation. La pose est quand même surprenante. Cela renvoie sans doute au déchirement qu’il a connu personnellement vis-à-vis de la figure maternelle.

A suivre pour les crânes et Madeleine

 

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