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LETTRE 36

Jésus au milieu des docteurs, Jean-Auguste INGRES, 1862, huile sur bois, 265 X 320 cm, Musée de Montauban

En visite cet été à Montauban j’ai appris que le Musée Ingres était en rénovation et que le seul tableau visible était ce Jésus parmi les docteurs. Une bonne raison de le mettre en valeur.

Il fut commandé par le roi Louis Philippe, à la demande de la reine Marie-Amélie pour la chapelle du château de Bizy, dans l’Eure. Mais quand le peintre eut fini, Napoléon III régnait !

De fait Ingres ne commença à y travailler réellement qu'en 1845, la composition évolua et les personnages annexes se multiplièrent.

Les dessins montrent que les personnages sont placés dans un décor classique, comme des poupées dans un théâtre de marionnettes, d’où une grande symétrie, cassée seulement à droite, par l’arrivée de Marie et de Joseph, mais si discrète qu’on ne la voit pas d’emblée. Par contre la lumière qui vient de la gauche, rend les portraits de cette partie peu visibles, mais c’est une façon de valoriser l’arrivée des parents de Jésus.

La galerie des docteurs de la Loi et des rabbins est impressionnante, c’est une vraie série de portraits et l’étude préparatoire est fort belle. Mais on a du mal à retrouver les visages aquarellés dans les portraits finaux, cela montre que Ingres y a beaucoup travaillé. Parmi ces visages on reconnaît au premier plan Théophile Gautier (voir la photo de Nadar), un admirateur zélé.

Quant à Jésus lui-même, on constate qu’un dessin préparatoire le montre la main droite à hauteur des épaules, alors que sur le tableau, il la lève. Il ressemble un peu à un élève discipliné , mais c’est bien sûr le Ciel qu’il désigne pour invoquer l’autorité qui lui vient de son Père. La main de gauche , d’abord simplement posée s’anime aussi.

Mais ce qui est le plus admirable, c’est le visage de Jésus sur l’esquisse, un jeune adolescent d’une grande beauté et d’une grande douceur dans le regard.

La gamme des couleurs est quasiment limitée aux rouges et aux bleus, mais les nuances sont très variées. Pour le décor il est bien conventionnel et peu juif, on n’imagine pas le temple de Jérusalem avec des colonnes torses sur lesquelles des angelots dansent, les tables de la Loi du fond sont plutôt celles des temples protestants et la menorah, le chandelier à sept branches, est réduit à son ombre. Cette scène de Jésus parmi les docteurs de la loi a été abondamment traitée par les peintres,

http://www.imagesbible.com/nouveausite/FICHES/la-vie-de-jesus-christ/F_NT_docteurs_loi.htm

en plaçant Jésus au centre des docteurs, à commencer par Giotto, ou avec de légers déplacements comme chez Véronèse. Quant aux doigts ils permettent de compter les arguments et raisonnements théologiques, ceux de Dürer sont extraordinaires.

 Serge Ceruti

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