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LETTRE 33

LES AVEUGLES


 


Parabole des aveugles, Pieter Brueghel l’Ancien, 1568, détrempe sur toile, 86 x 154 cm, Musée Capodimonte, Naples

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Il s’agit d’une toile inspirée de la parabole des aveugles de l’Évangile de Mathieu: « Laissez-les : ce sont des aveugles qui guident des aveugles. Or si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou ! » (Mt 15,14).


Le peintre a repris la parabole mais au lieu de deux aveugles, il en a mis six. Ils forment une procession, marchent l’un derrière l’autre et chacun se guide soit en déposant une main sur l’épaule de celui qui le précède, soit en se tenant à son bâton. Le premier est tombé dans le fossé et bientôt les suivants feront de même. La composition est faite d’une série de triangles, chaque aveugle en forme un, les toits des maisons, l’église… en sont d’autres. Or le triangle est une forme qui indique la stabilité, et si c’est bien le cas des maisons, cette stabilité mène à la chute dans le cas des aveugles, certes ils suivent un chemin descendant mais cela ne suffit pas à l’expliquer. Je pense que reprenant le contexte de l’évangile qui dénonce l’aveuglement des Pharisiens vis-à-vis de l’impureté des aliments, le peintre montre que la stabilité de chacun ne sert à rien, si celui qui guide entraîne vers l’erreur, il ne faut donc pas suivre les Pharisiens, comme des aveugles, mais avancer par soi-même. Dans le contexte flamand de l’époque on peut aussi penser que le peintre fait allusion à la lutte des Eglises pour diriger les croyants.

Le musée du Louvre présente une autre version de ce tableau en vidéo pour enfants



Vous connaissiez peut être ce tableau par ses reproductions, mais voici qu’en 2016 j’ai eu l’occasion de découvrir deux œuvres qui lui faisaient écho.

La première est celle de Jean Martin (1911-1996) un peintre lyonnais autodidacte d’origine ouvrière, qui a fait partie de « l’expressionnisme lyonnais ».



Les aveugles, Jean Martin, 1937, huile sur toile, 130 x 89 , elle est au Musée de Lyon   mais je l’ai vue à la Piscine de Roubaix.

Cette fois la référence à la parabole semble moins directe, le guide n’est pas explicite mais la solidarité des trois aveugles est bien marquée. La descente de l’escalier dont on ne voit pas le bout, laisse ouvert l’avenir, la chute finale existe-t-elle ? Mais le plus intéressant, concerne le dernier aveugle, tout en haut, extérieur au groupe et qui semble plus maître de lui. Cela renvoie bien à la dénonciation du manque d’autonomie, comme pour Brueghel.


Or le peintre a repris le thème, dans un autre contexte, avec cette gravure sur bois (Musée de Lyon)

Trois soldats avancent avec leurs fusils et leurs cannes, le premier à la même position que celui du tableau de 1937. Mais vers quoi avancent-ils ? Vers leur chute et elle a un nom : 1940.La date n’est pas le moyen de dire quand le dessin a été fait, il est le chaos vers lequel les soldats aveugles et mal guidés se précipitent.


La seconde œuvre en relation avec les aveugles de Brueghel est celle de George Desvallières (1861-1950), découverte à travers une exposition du Petit Palais de Paris.



Ce peintre qui a connu la célébrité avant la grande guerre, a été fortement marqué par elle et s’est consacré ensuite à une peinture religieuse et nationaliste. Une petit panneau indique qu’il s’agit bien de la parabole des aveugles et autour du tableau on lit : « On ne vit jamais deux aveugles ». Cette fois le peintre se réfère à une autre version de la parabole en Luc 6, 39, dont une traduction peut être « Un aveugle peut-il conduire un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse ? »

Or l’image renvoie manifestement à Adam et Eve et à la Chute au sens propre. Il fait nuit, les deux personnes sont sur le rebord d’une falaise, un arbre mort occupe le centre du l’image, la femme avance à tâtons comme un aveugle sans repère, l’homme tombe dans le ravin. Une image bien sinistre certes mais fort intéressante. Les représentations de ce qu’on appelle la Chute sont presque toujours narratives, attachées à la lettre de la Genèse avec le fruit donné par le serpent à la femme puis à l’homme.

On est ici dans la suite, la mort a détruit l’arbre et ses fruits, l’homme tombe le premier dans le vide de la nuit, et la femme qui le suit, va connaître le même sort. C’est donc l’aveuglement de l’Homme-humain, qui entraîne la rupture d’avec Dieu et la Chute dans la nuit. Plutôt que la Chute , le peintre représente donc : « Adam et Eve chassés du paradis », autre scène classique, mais ici, ni Dieu ni l’ange ne chassent le couple, ils tombent eux-mêmes car ils ont été aveuglés l’un par l’autre, et pour une fois c’est l’homme-mâle qui précède la femme.   Mais les étoiles donne une lueur d’espoir.

Serge Ceruti

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