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LETTRE 31

 AUGUSTE ET JESUS Le Siècle d’Auguste et la naissance de N.S. Jésus Christ, Jean Léon Gérôme (1824-1904) , huile sur toile, 6,20 x 10,14 m, 1855, Musée de Picardie, Amiens

 Pour ce temps de Noël, j’ai choisi cette œuvre étrange, une immense toile réalisée pour l’Exposition universelle de 1855 à Paris, la commande était officielle mais le sujet librement choisi par le peintre.

Une étude préparatoire assez différente est visible sur le site de Getty museum. Ici la scène se déroule dans un cirque avec une colonnade et le temple est moins réaliste, plus céleste, l'ensemble est plus ramassé.



La construction générale vous rappelle peut être un autre tableau plus célèbre ? C’est L’apothéose d’Homère d’Ingres, visible au Louvre, peint en 1827, mais dont les dimensions 3,8 x 5,2 m sont quand même plus réduites.

 

Revenons à Auguste.

On se perd un peu dans cette construction monumentale mais on voit bien, comme le titre n’indique, qu’il y a deux sujets juxtaposés, Auguste qui règne sur une pyramides d’hommes et de femmes et la naissance du Christ, traitée au premier plan, autre pyramide, plus petite et légèrement décentrée sur la droite. Cette juxtaposition s’appuie sur le  "Discours sur l’Histoire universelle », de Bossuet en 1681.

Il décrit longuement les victoires d’Auguste, avant de conclure ; « Victorieux par mer et par terre, il ferme le temple de Janus. Tout l’univers vit en paix sous sa puissance, et Jésus-Christ vient au monde." De fait Auguste est assis devant la façade du temple de Janus, dieu romain du commencement et du passage, la naissance du Christ événement contemporain étant un événement resté secret et local mais appelé à être le commencement d’un monde nouveau et le passage à une autre civilisation.

La nativité est particulièrement « sulpicienne », l’enfant Jésus est sur la paille et c’est lui qui rayonne et qui éclaire la scène, plus Marie que Joseph d'ailleurs. Tous deux sont à genoux, Marie est transformée en statue, particulièrement abstraite, Joseph est plus réaliste. Seul l’ange relie la nativité au tableau général, il tourne la tête vers Auguste et , inquiet, étend ses ailes protectrices autour du couple et de l’enfant

Dans la version préparatoire elle est assez différente. Jésus a la même position mais Marie et Joseph sont traités à égalité, c'est surtout l'ange qui est différent: jeune, en position d'orant, il est indifférent à la scène principale et ne protège pas du tout la sainte famille. Il y a simple juxtaposition entre la nativité et le triopha romain, qui n'inquiète pas la naissance de Jésus. La version définitive reprend en fait les menaces d'Hérode de l'évangile selon Matthieu pour les transférer à Rome, ce qui n'est pas stupide, puisqu'Hérode en était un ami cher.

Dans les deux versions , il n’y a aucun triomphalisme dans cette mise en scène, on aurait pu imaginer un Christ dont la lumière aurait pu concurrencer l’empereur, un regard qui aurait pu l’inquiéter… rien de tout cela, la naissance de Jésus est particulièrement marginalisée, comme dans le sermon de Bossuet.

Quant au triomphe d’Auguste, la multitude des personnages empêche toute description détaillée, mais quelques scènes sont fortes surtout au centre.

 

« Les restes de la république périssent avec Brutus et Cassius » ainsi commence le discours de Bossuet, et l’on voit à droite, les deux hommes qui descendent en laissant derrière eux le cadavre de Jules. Brutus porte l’épée qui a tué, Cassius tient un bonnet phrygien, mais tous deux savent qu’ils quittent la scène de l’Histoire. Aux pieds d’Auguste, deux autres cadavres, ce sont Antoine et Cléopâtre, bien reconnaissable à sa coiffure égyptienne.

 Aux pieds de l’empereur les peuples conquis se tournent vers leur vainqueur. A droite on devine dans l’ombre, des Indiens montés sur un éléphant, des Parthes rapportant à Auguste les enseignes romaines perdues par Crassus… tandis qu’au premier plan une mère amène ses enfants voir l'empereur.

A gauche, partie plus claire, on voit de jeunes arabes et africains juchés sur des dromadaires, faisant pendant au Indiens placés de l'autre côté. Des hommes amènent des captifs des pays vaincus vers l'empereur, en les tirant par les cheveux. Au premier plan, un roi richement vêtu, soutenu par deux esclaves, se tourne vers Auguste, il représente le passé alors que l’enfant qui lui fait pendant à droite, symbolise l’avenir ouvert aux jeunes ralliés.

Le monde entier se masse se rassemble pour payer le tribut au nouvel empereur, et se soumettre au nouvel ordre qu'il instaure : la Pax Romana.

Devant le temple, Auguste divinisé, rappelle Jupiter Capitolin, il trône au dessus d’une inscription qui exalte sa gloire en énumérant les provinces conquises et pacifiées. A ses pieds sont placés, l'aigle impérial à droite, et adossée à l'estrade, une jeune femme vêtue d'une chlamyde rouge, qui personnifie Rome, le regarde avec amour.

Les hommes debout qui sont de part et d’autres sont les rhéteurs, les écrivains et les artistes qui sont les héros du « siècle d’Auguste ».

Ainsi s’opposent pour nous, la divinité et la puissance d’hier, et la faiblesse de l’Enfant-Dieu de demain.

Serge Ceruti


JOYEUX NOEL A TOUS

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