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LETTRE 27

Cette lettre est juste un clin d’œil à une actualité vécue récemment. Depuis le 15 mars 2016 le Musée du Petit Palais de Paris offre une rétrospective d’un peintre un peu oublié, George Desvallières (1861-1950), parmi les oeuvres exposées voici une Fuite en Egypte datée de 1913.

Le 20 avril sortait un film de Eugène Green , le Fils de Joseph, dont l’affiche montre aussi une fuite qui est dans le film, explicitement dite « en Egypte ».

Un double regard sur un passage de l’Evangile selon Matthieu, chapitre2, qui évoque la fuite de Joseph et de Marie avec l’enfant Jésus, une fuite de Jérusalem où Hérode tue les enfants vers l’Egypte, qui devient une sorte de terre promise.

Le tableau de Desvallières renvoie à ce passage en noyant le groupe dans une végétation exubérante, et tout en verticalité, un lieu chaud malgré ses couleurs froides, un lieu de paix avec ses colombes, un lieu où brille la lumière de Dieu. Ici aucune idée de fuite, de peur ni de précipitation, cela devrait plutôt s’intituler « l’arrivée en Egypte »

A l’inverse l’affiche du film donne bien l’idée d’une fuite puisque les personnages s’éloignent à grands pas, d’une fuite à travers un monde hostile, une plage peu sûre, vers un lieu inconnu et lointain mais où le ciel immense et clair dégage une sérénité certaine.

Le groupe humain est très stéréotypé dans les représentations religieuses de la fuite en Egypte, Marie portant l’enfant Jésus est toujours assise sur un âne conduit par Joseph, le texte évangélique ignore l’âne mais il devenu une obligation à cause des récits légendaires, c’est d’ailleurs un moyen de reconnaître la scène. Et c’est lui qui permet de dire que l’affiche représente bien cette scène, car cette fois les personnages ne correspondent pas vraiment : c’est bien la femme qui est assise sur l’animal mais c’est un jeune homme qui guide et un homme mûr qui suit.

Le film qui fait explicitement référence à des scènes bibliques ne raconte pas l’histoire de Jésus mais celle de Vincent, un adolescent qui cherche un père inconnu, et va devenir le fils par adoption d’un homme aimant, Joseph.

Bien sûr le titre du film n’est pas anodin et oriente l’interprétation de l’image, mais il me semble encore une fois que c’est un exemple que la compréhension d’une image se fait en relation avec toutes celles l’artiste porte en lui, et que nous sommes censés avoir vues. C’est pourquoi l’éducation à l’image est si importante.

Je me permets de vous renvoyer au clin d’œil de la Lettre 23

Au site de l’exposition George Desvallières http://www.petitpalais.paris.fr/fr/expositions/george-desvallieres-la-peinture-corps-et-ame

Et à celle du film http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19561816&cfilm=243225.html

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