Archives des newsletters

La Newsletter d'Images Bible

Bonjour {literal}{$username}{/literal}, vous recevez ce message car vous êtes inscrit à la newsletter d'Images Bible

LETTRE n° 6



 

Un vieil homme nu, arrosé par une femme, se lamente devant deux musiciens.


 

A gauche un vieillard assis sur un tas de paille médite, tandis qu’une femme lui verse un seau d’eau sur le corps, à droite deux hommes qui semblent indifférents, jouent de la flûte et du tambour. La scène se passe au 16e s. dans un beau paysage montagneux au ciel clair, mais à gauche, un incendie attire l’attention. Tandis que les couleurs vives et joyeuses s’opposent à la lividité de l’homme.

Il s’agit du pauvre Job assis sur son fumier (aujourd’hui on traduit plutôt par « cendres ») signe de pauvreté mais aussi de mépris, il se lamente sur sa misère, il a tout perdu, ses enfants, ses biens et richesses, sa santé...   pourquoi Dieu lui en veut il ? Sa femme lui verse un seau d’eau, peut être pour calmer le feu qui le ronge, mais au lieu d’en faire un soin, elle en fait un signe de mépris. La proximité entre cette eau et le feu qui est derrière montre aussi son impuissance.

Les deux musiciens apparaissent incongrus. Face à la douleur et la misère, ils jouent sans aucun signe de sympathie, ils regardent ailleurs, par indifférence ? mépris ? Les deux instruments évoquent-ils flûtes et tambourins des cultes païens ? L’usage primitif du tambour pour éloigner les esprits mauvais ? La flûte rappelle aussi la légende allemande du Joueur de flûte de Hamelin, celui qui débarrasse la ville de la peste, mais qui entraîne aussi les enfants à la mort, et l’on sait que justement ce tableau a été peint pour célébrer la fin d’une épidémie de peste. De toute façon face à Job qui a perdu ses enfants c’est une image diabolique, et lui reste calme et résigné, il est le type même de la patience.

Le paysage doit être regardé à la loupe. L’incendie du fond à gauche, est le feu de Dieu, on aperçoit le petit messager qui rapporte "Le feu de Dieu est tombé du ciel ; il a brûlé les brebis et les pâtres jusqu'à les consumer. Moi seul, j'en ai réchappé et suis venu te l'annoncer." Job 1,16 . Et à droite de très petits cavaliers renvoient au v. 17 "Les Chaldéens, divisés en trois bandes, ont fait un raid contre les chameaux et ils les ont enlevés, après avoir passé les serviteurs au fil de l'épée ».

Le livre de Job est donc bien en arrière plan, mais le peintre prend beaucoup de liberté avec le texte. La femme de Job n’est mentionnée qu’une seule fois pour lui dire : "Pourquoi persévérer dans ton intégrité ? Maudis donc Dieu et meurs !" Jb 2, 9. Quant aux amis ils sont trois, qui viennent le voir successivement, plus pour le harceler que pour le plaindre. Albrecht Dürer ne met donc pas vraiment en scène le texte biblique, il nous en donne une lecture personnelle. Job est face à ses misères, et elles sont aussi celles du temps du peintre : la guerre, les épidémies… ils sont tous deux face au mépris de gens proches, dont on ne sait plus si ce sont encore des amis ou des suppôts du malin.

Le Mal reste pour Job un mystère, mais sa confiance en Dieu, sa foi demeurant intacte, il sortira de l’épreuve.

Le débat sur le salut et la justification fait rage aussi en Allemagne en ce début du 16e s. Luther proclame en 1517 que seule la foi justifie, sauve,  et dénonce la fausseté des oeuvres pieuses. C'est quelques années après ce tableau


  Le retable Jabach, DÜRER, Albrecht, c. 1504 huile dur panneau, 94 x 51 cm (chaque) Ce retable porte le nom de son possesseur au 16e siècle, puis il a été coupé en 2 parties vendues séparément, aujourd’hui dans 2 musées différents ; à gauche Job fustigé par sa femme, Städelsches Kunstinstitut, Frankfurt ; à droite Joueurs de flûte et de tambour, Wallraf-Richartz-Museum, Cologne  

Si vous ne souhaitez plus recevoir la newsletter d'Images Bible, Cliquez ici pour vous désabonner

www.imagesbible.com
Envoyer un mail

 

© Copyright 2005-2016 - Serge Ceruti / Mentions Légales / Site réalisé par eyenet